22 ans de carrière de maman. Et maintenant, on me dit, de lâcher prise et de penser à moi.

Depuis ma petite enfance, j’ai toujours su que je voulais devenir maman. Je jouais à mettre des coussins sous mon chandail pour imiter les femmes enceintes.

J’avais même fixé mon choix sur le chiffre six pour déterminer le nombre d’enfants que je désirais.

C’est bizarre d’y repenser. Aujourd’hui, à 44 ans, je me rend compte qu’avant même d’être mère, j’étais déjà une maman dans l’âme.

Ça fait plus de la moitié de ma vie que j’ai officiellement ma carte de maman. J’ai donné naissance à mon Mathieu, à 22 ans.

Ensuite est arrivé Emmie, à 24 ans et Amélia, à presque 30. Finalement, les deux derniers François et Simon se sont pointés le bout du nez à l’aube de ma quarantaine, quand j’avais 37 et 39 ans.

22 ans de carrière de maman. Et maintenant qu’ils grandissent, on me dit, lâche prise, pense à toi. Même mes ados me disent, « Moman, vis ta vie !! »

Non mais tu sais, arrêter de fumer après 22 ans, c’est super dur. Arrêter de boire, demande vraiment beaucoup de volonté pis changer de job, ben là… après 22 ans, c’est hyper angoissant pour n’importe qui…

Donc, après 22 ans de vie de maman, à penser et vivre uniquement en fonction de ma tribu, tu n’as pas idée à qu’elle point c’est presque impossible de juste lâcher prise et penser à soi.

J’ai été un maman toute ma vie. Comment être autrement.

Comment trouver ma place dans cette nouvelle vie où le temps pour moi n’est plus un luxe inaccessible.

Me reconstruire.

Apprendre à connaître la personne que j’ai fabriqué avec toutes ses années d’expériences aussi éclectiques qu’elles soient.

Qui? Qui à part moi, peut être capable de couper les cheveux, d’être officielle de natation, de savoir la bonne texture et couleur de tout les cacas, qui peut concevoir une cuisine ET gérer le chantier.

Qui? À part moi, qui sait préparer une potion magique à base d’huiles essentielles pour tous les bobos, sait organiser une parade de mode pour des adolescents ou encore une soirée karaoké pour des ainés.

Qui sais écouter, conseiller, parler, se tromper et s’excuser comme moi JE sais le faire.

J’ai été bien plus qu’une maman pendant toute ma vie.

Les apprentissages qui ne sont pas notés, diplômés et reconnus par un système gouvernementale XYZ, ont autant, sinon plus de valeur que tout ce qui est mesurables et a le mérite de pouvoir porter une étiquette.

Je serai une maman toute ma vie.

Une maman qui, comme s’est enfants, à mesure qu’ils changent et grandissent, apprendra elle aussi, à grandir, se connaître et s’épanouir avec tout son petit, ou gros bagage dans sa poche d’en arrière.

Claudie